Venise en crise
Je suis partie cinq jours en France.
A mon retour en Italie, quelle surprise ! Ce n’était plus le même pays.
Etat de siège dans le Veneto qui est une région à risques pour le coronavirus : cinémas, théâtres, salles de concert, écoles, universités, musées, églises, fermés. L’avion était vide, l’aéroport désert.
Et tout cela en 5 jours. ! Il nous reste quand même les marchés, les restaurants, et les promenades en ville. !
Curieuse de découvrir Venise en cette situation, j’ai pris le train vide, suis arrivée à la gare vide et pris le vaporetto vide.
Je n’ai jamais vu la ville dans un état pareil : sans touristes, sans écoliers, sans étudiants, sans japonais. Plus personne pour la photographier ! Une belle délaissée.
Les bars, les restaurants, les magasins étaient tous ouverts mais sans clients. Les serveurs faisaient les cent pas sur les terrasses désertes, les commerçants jetaient des coups d’œil désespérés dans la rue où plus personne ne se promenait.
J’ai pris la mesure de la fragilité de cette ville. Au fils des années, ses habitants l’ont abandonnée à cause du coût de l’immobilier. Ils se sont exilés bien malgré eux sur la Terra Ferma.
Venise, la cité historique, ne compte plus aujourd’hui que 60.000 personnes. La ville en avait plus de 190.000 au XVI -ème siècle avant la peste dont je vais bientôt parler.
Privée de son peuple, livrée aux touristes, Venise révèle ce qu’elle est quand ces derniers la boudent (à cause de l’aqua alta de l’automne et du virus de l’hiver) un splendide décor sans vie.
Une ville si belle soit-elle c’est aussi le peuple qui l’anime.
Cette vérité, si évidente, on l’avait un peu oubliée !